lunes, 29 de julio de 2013

CHAGRIN D'AMOUR

La fraîcheur, le silence et l'ombre
Règnent dans les jardins déserts ;
Au ciel brillent des feux sans nombre,
Mais tout est calme, tout est sombre,
À l'abri des feuillages verts.


Le vent, qui mollement soupire,
Agile les rameaux tremblants ;
Leur dôme léger se retire
Et sur le gazon laisse luire
Quelques rayons, doux et fuyants.


À travers les noires ogives
Des tilleuls odoriférants,
On aperçoit au loin les rives
Du lac, dont les ondes plaintives
Semblent rouler des diamants.


Que ce calme du soir m'oppresse !
Et que ce tableau ravissant,
Qui jadis m'emplissait d'ivresse
Jette maintenant de tristesse
Dans mon cœur jaloux et souffrant.


Hélas ! c'est à cette heure même
Que de crainte et d'espoir tremblant,
Je lui dis, tout bas : Je vous aime !
Et dans une extase suprême
J'entendis son aveu charmant.


Que sa voix était séduisante,
Quand elle me parlait d'amour !
Que j'aimais sa main frémissante
Qui fuyait ma main caressante,
Et qui la cherchait tour à tour !

C'est ici que chaque soirée
Nous voyait revenir tous deux ;
C'est là, que sa bouche adorée
À mes désirs enfin livrée,
M'apprit combien j'étais heureux !


Assez ! assez ! cette pensée
Rend, hélas ! mon chagrin plus noir ;
D'un tel rêve désabusée,
Mon âme est encor trop brisée
Pour y songer sans désespoir.


Mieux vaut oublier l'infidèle,
Mieux vaut chercher d'autres amours.
Mais quelle autre sera si belle ?
Quelle autre me plaira comme elle,
Et me rendra d'aussi beaux jours ?


Oh ! non, non ! fuyons toute chaîne !
L'amour cause trop de douleur.
Faisons-nous une âme inhumaine
À moins qu'un jour ne la ramène
Avec ma joie et mon bonheur !

PIERRE GROLIER

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